Skip to main content

Co-créer pour l’égalité et la protection des femmes

Monday 27 October 2025
#Pour Elles
#RDC

Mi-septembre, PLAY International a organisé à Kinshasa un atelier de co-création inédit pour concevoir un kit — un ensemble de séances de jeux sportifs — du projet Pour Elles : Sport et Culture, en collaboration avec l’Agence Française de Développement (AFD) et Expertise France.
Pendant cinq jours, une vingtaine d'actrices et acteurs congolais issus de ministères, associations sportives et établissements scolaires se sont réunis pour imaginer des jeux sportifs pédagogiques destinés à sensibiliser les jeunes filles et garçons aux enjeux d’égalité de genre, de mixité et de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), mais aussi à la contraception et à l’hygiène menstruelle.

 

 

Un projet au service du bien-être des filles

Le projet "Pour Elles : Sport et Culture" vise à améliorer la qualité de vie, le bien-être physique et mental des jeunes filles dans plusieurs communes de Kinshasa, en levant les freins à leur participation sportive et culturelle. PLAY International y déploie son approche Playdagogie à travers deux kits thématiques : les savoirs fondamentaux et le Genre.
Ce premier atelier consacré au Genre a rassemblé une majorité de femmes (plus de 80 % du panel), représentant des institutions telles que le Ministère du Genre, le Ministère de la Jeunesse, des associations sportives féminines, et plusieurs enseignantes d’éducation physique.

 

Groupe de co-création RDC

 

La co-création, un levier d’appropriation

La démarche participative de PLAY repose sur une conviction : les solutions éducatives sont d’autant plus fortes qu’elles naissent du terrain.

Ainsi, les participantes et participants ont travaillé ensemble à partir des besoins réels identifiés à Kinshasa dans un diagnostic : accès limité des filles au sport, manque d’espaces sécurisants, stéréotypes persistants.
L’atelier a alterné entre temps théoriques (autour de la santé sexuelle et reproductive, animés notamment par la Docteure Péguy Tshisuaka), travaux de groupe et séances de tests sur le terrain. Les jeux traditionnels congolais ont été revisités pour aborder les inégalités de genre à travers des symboles ludiques et universels.

Pour montrer comment des jeux traditionnels pouvaient être transformés puis utilisés sur des thématiques opposées à leur objectif initial, des exemples de jeux déployés dans des cours d’écoles en France ont été explicités, comme L’Épervier pour illustrer les obstacles auxquels les filles font face, et ce que peut symboliser le fait d’être attrapé, ou Le Chat pour évoquer la poursuite, l’évitement et la recherche d’espaces sécurisants.
Ces transformations ont démontré comment le jeu peut devenir un outil d’expression, de réflexion et d’émancipation. Cela a permis aux experts locaux de proposer des formes de jeux traditionnels pouvant être utilisés et transformés.

 

Des jeux pour comprendre et agir

Au terme de l’atelier, plusieurs séances ont été créées et testées autour de thématiques clés :
•    Lutte contre les stéréotypes
•    Masculinité positive
•    Consentement
•    Hygiène menstruelle
•    Contraception
•    Lutte contre les violences basées sur le genre (VBG)
 

Les tests, réalisés avec des adolescentes élèves du lycée Notre-Dame de la Providence, des enfants accueillis dans un centre éducatif fermé pour anciens « Shégués » (enfants des rues) et des jeunes sportifs et sportives d’académies locales, ont permis d’ajuster les règles, le matériel et les messages.
Parmi les créations issues de cette dynamique, deux jeux ont particulièrement marqué les participants :


« Sanza » — Éducation à l’hygiène menstruelle
L’objectif de Sanza est d’aider les adolescent·e·s à comprendre que les menstruations sont un phénomène naturel et à adopter de bons gestes d’hygiène pour préserver leur santé.
Le premier jeu, "Passe à 10 du ressenti", brise le silence autour du sujet en invitant les joueuses à exprimer, lorsqu’elles ont le ballon, un mot lié à leurs connaissances ou à leurs émotions (douleur, honte, protection, cycle…). Cette phase crée un espace d’échange et de dédramatisation avant la discussion collective.

Le jeu suivant, "Se protéger pour continuer à jouer", symbolise la vie quotidienne et enseigne que les menstruations ne doivent pas être un frein à la pratique du sport ou à la poursuite des études, à condition de savoir où trouver des protections.

Enfin, "Bien parcourir pour mieux se protéger" simule les étapes de la journée (école, courses, maison) et rappelle l’importance de l’hygiène intime et du changement régulier des protections, à travers des gestes concrets et symboliques (lavage des mains, toilette, foulard-protection).

 

« Mibatela » ("Protège-toi" en lingala) — Prévention des IST et Contraception
Mibatela aborde la prévention des infections sexuellement transmissibles et la contraception par le biais d’un jeu symbolique et dynamique.

Le terrain représente la « zone mixte » où se rencontrent filles et garçons, et le ballon symbolise la relation non protégée. Être touché par le ballon signifie une exposition au risque et conduit le joueur vers la « Maison de Santé », illustrant la nécessité de consulter un professionnel après une prise de risque.

Le foulard, symbole de la protection (préservatif), permet au joueur de continuer à jouer sans être touché : un levier éducatif puissant qui montre que la protection est plus importante que la performance.
La discussion qui suit décode les symboles pour rappeler que le préservatif est le moyen le plus sûr de prévenir les IST (dont le VIH/SIDA) et les grossesses non désirées, et que tout rapport non protégé doit conduire à une consultation médicale.
Ces jeux, comme l’ensemble du kit, traduisent la philosophie de la Playdagogie : apprendre en jouant, réfléchir en agissant, et renforcer l’autonomie par le plaisir et la participation. Les premiers retours sont très positifs : les jeux fonctionnent bien avec différents publics et favorisent une meilleure compréhension des enjeux liés à l’égalité, à la santé et au respect mutuel.

 

Mibatela

 

Une dynamique à poursuivre

L’évaluation participative menée à la fin de l’atelier a souligné la richesse de l’alternance entre théorie et pratique, la diversité des profils présents et la qualité des échanges.
Les participants ont exprimé le souhait d’impliquer davantage leurs structures dans les prochaines étapes et de tester le kit à plus grande échelle avant sa diffusion.
À travers cette expérience, PLAY International confirme que le sport est bien plus qu’un terrain de jeu : c’est un espace d’apprentissage, d’égalité et de transformation sociale.

 

 

 

En savoir plus sur le projet "Pour elles : Sport et Culture