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"Lawa Choléra !", un jeu de santé publique

Mardi 18 juin 2024
#Comores
#PEPS

Depuis février, les îles des Comores font face au fléau du choléra. La maladie se répand avec son lot de morts (137 au 13 juin*), de malades, d'hospitalisés en urgence, et cet horrible pourcentage : 67%** des décès sont des enfants. Au regard de cette situation, l'équipe de PLAY International Comores a souhaité participer à l'action des autorités locales avec ses armes : la Playdagogie.

 

Lawa Choléra, prévention à l'école

 

Le choléra nécessite une lutte multiforme pour en venir à bout. Prévention, prise en charge des malades, assainissement, sensibilisation communautaire, il faut l'attaquer sur tous les fronts.

Début mai, il était pour nous évident, que PLAY pouvait sensibiliser les plus jeunes pour qu'ils influencent les plus âgés. En quelques jours, il a fallu inventer un jeu. Ainsi est née Lawa Choléra ! (« Dehors le choléra ! » en shikomori), une séance pédagogique conçue pour sensibiliser les élèves des écoles primaires aux dangers de la maladie et aux moyens de s'en protéger. Imaginée par Henri Lelorrain, référent pédagogique de PLAY, celle-ci est d'abord testée à l'école Application de Moroni. Le jeu fonctionne, les enfants comprennent, s'amusent et s'approprient le slogan : Lawa Choléra ! Lawa Choléra ! 

 

 

Ecole Application Moroni
Ecole Application Moroni

 

 

les règles du jeu "lawa choléra !"

Le jeu Lawa Choléra ! consiste à effectuer un parcours en relais le plus rapidement que l’équipe adverse. L’équipe représente la “famille” et le parcours est composé de 3 cerceaux représentant “les toilettes”, “le repas” et l’action de “se laver les mains avec du savon”. En trouvant le bon ordre de passage dans les cerceaux, les enfants apprennent qu’il faut se laver les mains avec du savon avant de manger et après avoir été aux toilettes, pour ne pas transmettre la maladie à leur “famille”. 

À l’issue du jeu, l’enseignant transmet d’autres messages clés aux enfants lors d’un temps de discussion : laver ses aliments avec de l’eau potable (eau bouillie puis refroidie), ne pas mettre ses doigts dans la bouche, les symptômes (vomissement et diarrhée), etc.

 

Jeu Lawa Choléra

 

 

Un déploiement grâce au Peps

Devant l'engouement des enfants et l'efficacité du jeu, nous décidons d'étendre rapidement la sensibilisation à l'île d'Anjouan, aujourd'hui épicentre de l'épidémie. L'Agence française de développement (AFD) approuve et soutient l'initiative. Le ministère de l'Éducation nationale, dans le cadre du Projet d’appui à l’Éducation Physique et Sportive (PEPS), détache un coordinateur sur le terrain. En urgence, nous avons formé des inspecteurs pédagogiques à la séance. Avec nous, ils iront à la rencontre des enseignants et des enfants. Les premiers essais sont concluants, Lawa Choléra se joue à Anjouan.

 

Lawa Choléra PEPS

 

Entre le 20 mai et le 14 juin, ce sont 13 019 enfants qui ont joué à Lawa Choléra dans 72 établissements du primaire. À Mutsamudu, capitale de l'île d'Anjouan, il est maintenant courant d'entendre des enfants scander Lawa Choléra ! Ils connaissent la maladie et l'importance des mesures d'hygiène pour s'en prémunir. Les équipes ont parcouru toute l'île d'Anjouan, se sont rendues au village reculé d'Uzini, à 1h30 de marche dans les collines. Là-bas, les enfants du village, surpris, ont accouru pour jouer. Le souvenir est indélébile.

 

Uzini
En route pour Uzini

 

 

prochaine étape : la vaccination

Un nouveau chapitre de Lawa Choléra s’ouvre. Les autorités sanitaires d'Anjouan, à travers le Dr Anssoufouddine, reconnaissent l'importance de notre travail. Elles nous demandent, pour la phase de vaccination qui va s'ouvrir, de les appuyer afin de sensibiliser la population au vaccin oral. Il faut enrayer l'épidémie tous ensemble. Nous acceptons, bien sûr.

Les équipes de sensibilisateurs-trices sont déjà prêtes à repartir vers les villages. Cela fait presqu’un mois qu'ils-elles parcourent l'île pour dispenser les séances Lawa Choléra et former les enseignants. Nous sommes tous convaincus par le pouvoir du jeu, capable de faire changer les mentalités et les pratiques. Tous persuadés que les enfants ont la capacité d'influer positivement sur leur environnement.

 

* Source : ministère de la santé

** Source Unicef : https://www.unicef.org/comoros/rapports/rapport-de-situation-no1-choléra-unicef-comores