Jérémy, éducateur sportif au sein du service des sports de la Mairie de Nouméa, a découvert la Playadgogie lors de sa formation au BPJEPS à Aix. L'approche l'a immédiatement convaincu : en intégrant le jeu sportif aux apprentissages, il a vu une manière concrète et engageante d'aborder des sujets de société avec les jeunes.
Trois ans après, il met en œuvre ces contenus dans le cadre du programme Sport Action, un dispositif municipal qui propose des séances sportives gratuites aux enfants de la ville. Chaque mercredi et durant les vacances scolaires, il anime des séances pour les 8-12 ans, une tranche d'âge qui représente la majorité des participants. Ces jeunes viennent librement profiter des infrastructures municipales. Dans ce contexte, Jérémy utilise les séances de Playdagogie pour sensibiliser à des enjeux majeurs : l'égalité filles-garçons et l'adoption de meilleures habitudes alimentaires.

Questionner les stéréotypes de genre à travers le sport
Auparavant, les activités sportives étaient très genrées : les filles et les garçons avaient tendance à se répartir naturellement sur des pratiques différentes, les unes restant davantage en retrait tandis que les autres occupaient plus d'espace. Conscient de cette dynamique, Jérémy a cherché à créer un environnement plus inclusif, en modifiant progressivement la façon dont il formait ses groupes et en intégrant des activités qui favorisaient la coopération mixte.
Les séances de Playdagogie sur l'égalité filles-garçons ont été un levier clé dans cette transformation. En mettant en place ces ateliers, Jérémy a permis aux jeunes de vivre concrètement des situations questionnant les stéréotypes de genre. Ces expériences ludiques ont ensuite été renforcées par des échanges et des discussions, leur donnant l'opportunité d'exprimer leurs ressentis et de confronter leurs représentations.
Combinée aux changements de l'organisation des séances sportives, cette approche a eu un impact visible : au fil des mois, la fréquentation des filles a considérablement augmenté, au point qu'à la fin de l'année, elles étaient aussi nombreuses, voire plus nombreuses que les garçons. Surtout, la perception des rôles a évolué : lors des débats en fin de séance, certaines filles ont commencé à remettre en question des idées reçues sur les tâches et les responsabilités, en interrogeant par exemple la place des garçons dans la cuisine ou dans les tâches ménagères. Autant de questionnements qui montrent l'impact de ces séances bien-au-delà du terrain de sport.
Loin d'être un simple ajustement logistique, ce travail combiné entre des aménagements concrets et des séances de Playdagogie a permis d'installer une dynamique durable : aujourd'hui, les groupes sont mixtes sans distinction d'activités, et les jeunes pratiquent librement les sports qu'ils souhaitent, sans crainte du regard des autres.

Mieux manger : un défi de taille à Nouméa
La question de l'alimentation est un enjeu central pour les jeunes que Jérémy encadre. A Nouméa, les collations sucrées et bon marché sont souvent privilégiées par les enfants, qui ont tendance à se tourner vers ces produits plutôt que vers des fruits frais. De même, l'eau est délaissée au profit de boissons sucrées. Ces choix sont souvent liés à des habitudes ancrées et à un manque de sensibilisation aux impacts d'une alimentation équilibrée, ce qui en fait un axe essentiel du travail mené auprès des jeunes. Si l'obésité est peu répandue, les risques de diabète et d'autres maladies chroniques sont bien réels, ancrés dans des habitudes alimentaires qui se transmettent au sein des familles.
En intégrant les séances de Playdagogie sur le bien manger, Jérémy a progressivement éveillé les consciences. L'approche fonctionne car elle ne se limite pas à des messages théoriques : en jouant, les enfants vivent des situations qui les amènent à réfléchir sur leurs choix alimentaires. Il a pu observer de premiers changements : certains ramènent désormais des bouteilles d'eau et des fruits, et les discussions s'étendent parfois aux familles. L'objectif reste un travail de long terme, mais l'impact est bien réel.

Un modèle à essaimer
Grâce à ces expériences réussies, Jérémy souhaite étendre l'usage de la Playdagogie sur le territoire de Nouméa, en continuant à promouvoir la mixité et une meilleure alimentation, mais aussi en abordant d'autres thématiques essentielles pour les jeunes, comme la gestion des conflits, la lutte contre les violences et la sécurité routière. Il constate que l'approche ludique et participative facilité l'adhésion des jeunes et leur permet de prendre conscience de problématiques concrètes tout en restant dans un cadre positif et engageant.
