Fin 2021, les équipes PLAY du Burundi et l'Association pour la Promotion de la Fille Burundaise (APFB) ont lancé le "Club des championnes" qui a pour vocation de sensibiliser aux questions de genre et à l’importance pour les filles de pratiquer des activités socio-culturelles et sportives ainsi qu'à l'importance de prendre la parole au sein de leur communauté. Durant l'été, des championnes sont donc allées à la rencontre d'enfants et leur ont proposé des activités sportives.
Ce sont deux voitures remplies de sourire et de matériels pédagogiques/sportifs qui filent à travers les collines pour se rendre à Bukemba. A bord de ces voitures chantantes et dansantes, des jeunes filles qui apprennent à se connaître au fur et à mesure des semaines qu’elles arpentent les terrains et écoles du Burundi.
De prime à bord, le dénominateur commun est facile à trouver, ce sont des jeunes femmes.
Si l’on pousse la curiosité un peu plus loin, et lorsque l’on discute avec elles, on s’aperçoit que le même espoir les animent : donner plus de place à leurs petites sœurs dans la société burundaise.
Qu’elles soient judokate, karatékate, danseuse, slameuse ou boxeuse, ces championnes font résonner leurs voix de collines en collines. Grâce à l’accompagnement de PLAY International et à son partenaire local, l’APFB ce sont de nombreux terrains qui vont recevoir la visite de ces championnes.
Les yeux des enfants, filles comme garçons, brillent lorsque les démonstrations commencent, des rires éclatent lorsque les jeux débutent. En ces temps de crise énergétique, voici l’énergie inépuisable qui fait avancer ces voitures : faire jouer filles et garçons ensemble, pour que petit à petit, les filles s’éloignent des corvées domestiques pour retrouver le plaisir de jouer.
Des championnes inspirantes
Any Naulia NINZIZA et Thania IRAKOZE sont deux jeunes femmes qui participent aux tournées sportives et culturelles afin de sensibiliser sur la place des jeunes filles sur les terrains et dans la société burundaise en général. Et elles ont passé des moments inoubliables avec les enfants.
Any Naulia NINZIZA, karaté
"Lors des descentes effectuées avec l’équipe de l’APFB auprès des terrains de PLAY, j’ai rencontré au terrain de Buyenzi rue n°26, des enfants au visage marqué par la vie dure.
Par le biais de quelques exercices de karaté auxquels ils ont participé, un dialogue a pu être amorcé. La discussion m’a déchirée le cœur en écoutant des expériences vécues par les enfants, principalement les filles, due aux situations de leurs familles ou de leur religion.
Ce moment passé ensemble m’a servi à les encourager et les motiver pour développer les talents qui sommeillent en eux sans soucier de qu’en dira-t-on. Plus nous passions du temps ensemble à échanger, plus je pouvais lire sur leurs visages une lueur d’espoir, ils étaient en train de constater qu'il y a un avenir au-delà de ce qu'ils peuvent voir et de ce qu’ils vivent. Les filles découvrent qu'elles peuvent faire du karaté, et faire d’autres jeux que la société attribue aux garçons.
Ça été une expérience et une leçon pour moi de pouvoir dialoguer avec ces enfants qui, malgré leur ignorance, ont en eux un avenir.
Le souhait qui me tient à cœur pour les enfants burundais est de voir les normes discriminatoires à l’égard de la fille changer afin que les filles et les garçons jouissent des mêmes opportunités et des mêmes droits."
Thania IRAKOZE, danse traditionnelle
"Tout le temps passé ensemble avec les enfants m'a réchauffé le cœur, les voir avec un sourire au visage est le plus beau souvenir que je garderai au fond de moi. C'est vrai qu'au départ, nous pensions [les championnes] que ce n'était que nous qui allions leur apprendre des choses mais on a aussi appris d'eux.
Pour ce qui est de ma discipline (la danse traditionnelle), quelques enfants s'émerveillaient dans d'autres pas de danse différents selon leurs quartiers. L’expérience a été si enrichissante d’autant qu’on faisait de la danse, du sport, des jeux mais aussi qu’on se racontait des histoires.
Mon souhait pour l'enfant burundais est de le soutenir dans ses choix dès le plus jeune âge car ceci lui permettra d'avoir confiance en lui au lieu de créer des traumatismes et des frustrations qui constitueraient des blocages dans sa vie. Pour la fille burundaise, mon vœu le plus cher est qu'elle soit traitée sur le même pied d'égalité que le garçon et la laisser jouir pleinement des droits qui lui reviennent de droit."
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